Culpabilisation écologique : du mépris des influençeurs "green" au matraquage médiatique
Dernière mise à jour : 5 sept. 2020
Ce post est en réalité un résumé de l'épisode du podcast sur la culpabilisation écologique, que vous pouvez écouter directement par ici sur Spotify, ou par là sur iTunes !
Vous aurez ainsi matière à relire tranquillement ce sujet qui me révolte particulièrement. 👍
Je vous retrouve pour parler d'un sujet qui nous concerne tous. L’environnement.
Comme vous le savez peut-être, j’ai à mon actif un master en développement agricole durable, spécialité sécurité alimentaire. Un terme bien générique pour désigner un ensemble de connaissances en matière d’agriculture raisonnée, d’alternatives durables et de comment envisager nourrir la planète demain en arrêtant de la détruire massivement.
Ce n’est une nouveauté pour personne, nous savons tous qu’en l’état actuel de nos modes de vie, nous courons à la catastrophe. Nous le savons tous, et les médias sont là pour nous le marteler régulièrement, tout en encourageant, dans le même temps, à adopter une attitude consumériste.
Si ce sujet me tenait à cœur, et que j’ai décidé d’y consacrer une année d’études entière, c’est aussi parce que j’ai grandi au milieu des terres agricoles, participant aux fêtes d’après moissons, connaissant les secrets des semences et surtout les problèmes concrets des agriculteurs. J’ai aussi toujours été dans l’incompréhension de ces familles qui remplissaient leurs caddies de produits ultra-transformés, de litres de boissons sucrées, ou encore de viande sous-vide importées et bourrées d’antibiotiques. Je ne comprenais pas bien comment il était possible de consommer de la sorte.

Il y avait nos amis éleveurs de brebis, qui se refusaient à pulvériser leurs terres d’intrants chimiques et cherchaient continuellement à améliorer l’alimentation du bétail.
Il y avait les produits de la terre, cuisinés maison. Les déchets étaient triés. Les fruits et légumes étaient locaux et de saison.
Nous faisions du mieux que l’on pouvait. Certes, pas le maximum, mais plus que la plupart de nos concitoyens. Alors oui, peut-être que nos détergents restaient nocifs, probablement que nos vêtements venaient de Chine.
Peut-être vous demandez-vous où est-ce que je souhaite en venir ? C’est simple. A ce malaise qui m’envahit chaque jour un peu plus que l’écologie devient un sujet majeur, omniprésent, et surtout, “omni - culpabilisant”
De quelque chose qui devrait être naturel, ou du moins qui devrait relever du bon sens, il s’agit désormais d’un débat source de disputes. Le résultat auquel nous assistons ? Une grande cacophonie.

Les médias nous martèlent des discours moralisateurs des actions que nous ne faisons pas ou de tout ce que nous faisons mal, aussi alarmistes et dignes de films de fin du monde. En parallèle, nous sommes pris dans les filets d’une société encourageant la sur-consommation.
Les marques ont bien compris ce mécanisme et utilisent à leurs fins un discours bobo-bio culpabilisant, mais toujours plus encourageant l’ultra consommation et faisant la promotion d’une société capitaliste.
Il est temps, je pense, de remettre en perspective cette communication massive et pas toujours sincère en matière d’écologie. Il est important de rappeler que ces gestes du quotidien, que l’on pourrait tous faire, ne sont ni simples, ni évidents. Voire pire : ils ne sont qu’une goutte dans l’océan. Il n’est bien sûr pas question de minimiser nos actes individuels, mais plutôt de rendre compte que ce sont les autorités et les industriels qui ont le pouvoir de changer vraiment les choses.
Aujourd’hui, il ne passe pas un jour sans que qu’un article de presse ou une émission audiovisuelle n’ait pour thème le végétarisme, le courant zéro-déchet, les démarches anti-gaspi, l’énergie verte ou la cuisine faite maison. Mais aussi les fameux “comment être écolo au quotidien, l’invasion des pesticides dans nos assiettes, les perturbateurs endocriniens …”
Peut-être pourrions nous, pour une fois, porter un regard différent sur ce sujet. Ni moralisateur, ni dans la dénégation. Simplement factuel et bienveillant.
Aujourd’hui : le consommateur supporte toute la responsabilité du désastre écologique. Et c’est une peut-être bien une belle stratégie mise en place par les industriels.
Prenons l’exemple du plastique : toutes les deux secondes, ce sont 2 tonnes qui sont déversées dans les mers. Certains scientifiques estiment que d’ici 2050, il y aura plus de particules de plastique que de poissons dans les océans.
Par conséquent, de nombreuses multinationales tentent de redorer leur image, comme Evian ou Coca-Cola, et proclament haut et fort de grands discours sur leurs objectifs de réduction du plastique.
Concrètement, les annonces restent quasiment sans suites. En 2008, Coca Cola affirmait mettre tout en oeuvre pour que 25% du plastique utilisé soit de source recyclée. En 2019, ce chiffre atteignait péniblement les 7%. La majeure partie des discours des industries ont pour vocation de nous faire miroiter une réelle prise de conscience. Ce qui reste, pardonnez-moi du terme, une foutaise.
D’ailleurs, l’ONG Corporate Europe Observatory, basée à Bruxelles, a rapporté en 2018 que “il est bien moins coûteux et bien plus commode pour ces industriels de déplacer l’attention vers les consommateurs et la responsabilité individuelle en matière de déchets que de modifier leurs pratiques de production et d’emballage. On ne s’étonnera donc pas que l’industrie des emballages et ses clients dans le secteur de l’alimentation et de la boisson soutiennent de nombreuses campagnes de sensibilisation anti-déchets partout en Europe.”
En somme, ces campagnes sont une belle manœuvre pour faire porter le poids de la culpabilité sur nos épaules, nous les consommateurs.
En agissant de la sorte, ces entreprises parviennent à détourner le débat tout en évitant une confrontation directe. Selon elles, le problème vient de la gestion du plastique et non pas de sa production. Ils réaffirment que tous les déchets plastiques peuvent être valorisés, et qu’il suffit de mettre en oeuvre des systèmes de récupération efficaces. Sans surprise, la question de la gestion ou de la revalorisation de ces déchets dépend du consommateur et des collectivités. Histoire de mettre en avant leur “bonne volonté”, ces mêmes groupes n’hésitent pas à financer des ONG qui organisent des événements de ramassage bénévole des déchets dans la nature.
La culpabilisation écologiste, voilà où je souhaitais en venir. J’ai mentionné le plastique comme introduction à et épisode, mais j’aurai tout aussi bien pu citer les messages sur la consommation raisonnée, l’achat en vrac, l’alimentation végétarienne, etc.
En plus de l’aspect moralisateur de quelques campagnes, certaines mesures législatives sont basées sur le mécanisme “pollueur-payeur”, et utilisent les taxes ou autres malus pour punir les citoyens les moins “verts”.
Il est aussi possible de citer le journal du matin, dans le métro, et cette petite languette de couleur, virant du vert au rouge afin de rappeler en encore et encore dans quel environnement pollué nous évoluons.
Le problème encore une fois n’est pas l’alerte, mais bien la manière dont elle fait retomber la faute sur le conducteur. Depuis quelques années, les détenteurs d’une voiture ne sont d’ailleurs plus les seuls pointés du doigt. Les propriétaires de cheminées ou de poêles à bois en prennent également pour leur grade. L’OMS a en effet rappelé que la majorité des morts par pollution était causée des cuissons et feux de bois. Evidemment, la mise aux normes des conduits de cheminées et l’installation de filtres à particules incombe à ces mêmes personnes.
La question qui se pose alors : comment pouvoir à la fois espérer que ces citoyens optent pour une voiture plus respectueuse de l’environnement, tout en choisissant désormais des produits locaux ?
Comment pouvoir exiger que ces consommateurs qui peinent à joindre les deux bouts et travaillent onze heures par jour pour un SMIC se mettent à acheter bio et local ? Et malgré toute leur bonne volonté, les tomates en promotion, hors saison et importées d’Espagne, restent moins chères que beaucoup de légumes produits à proximité.
Dans une tribune parue dans le Monde, l’écrivain et neurologue Antoine Senanque avait très bien posé ce problème et lancé un coup de gueule de citoyen “irresponsable” qui assume.
Quand ? En 2009, il y a déjà dix ans. A l’époque, beaucoup s’en moquaient, de l’écologie. Non pas par manque de morale, mais parce qu’ils n’en avaient pas conscience.
Le fait est que tant que l’on a pas été frappé de plein fouet par une réelle catastrophe, tout effondrement reste hypothétique à nos yeux. Et même si nous savons que la banquise fond à vue d’oeil, nous continuons, vous, moi, les industriels, à détruire la planète.
Comme Antoine Senanque l’expliquait déjà très bien en 2009, ce qui a changé est que les personnes je m’en foutistes n’ont plus le droit de l’être. Se proclamer écologiste est devenu une fin en soi, et il n’est plus possible de dire le contraire sans être condamné directement.
C’est bien cette morale qui est la plus forte des armes.
Coupable, celui qui brûle. Coupable celui qui pollue. Coupable celui qui achète ses aliments sous plastique. Coupable, la mère de famille qui met dans son panier des plats industriels. Coupable, le parent qui utilise des biberons en plastique contenant du bisphénol. Coupable, nous qui osons acheter des vêtements H&M ou Zara. Coupable, nous qui mangeons de la viande.
Et le célèbre adage “les petites gouttes font les grandes rivières” sont l’exemple type de cette méthode de communication, qui finit par rendre les consommateurs tout autant responsables que les grands groupes industriels.
Les outils actuels des politiques pour nous faire changer de comportements sont principalement punitives : à l’image de la carotte et du bâton, ces mesures et taxes répressives se fondent sur une idée rationnelle ; la seule manière de nous faire agir de telle manière est de nous présenter un intérêt financier (économie, défiscalisation), ou juridique (la loi doit être respectée sous peine d’amende).
Pourtant, il suffirait peut-être d’augmenter le coût des actions qui polluent la planète, et d’abaisser celles qui la préservent.
Malgré tous ces instruments pour faire changer les comportements, les résultats laissent à désirer, parce qu’ils sont basés sur l’idée que la transformation de nos actes ne dépend que de la volonté personnelle et de l’intérêt que l’individu peut y trouver.
Un peu comme si nous, consommateur, avions toujours le choix.

En réalité, si nos actes sont si durs à transformer, c’est parce que rien n’est fait pour que ce soit la meilleure option. Je peux très bien acheter un vélo afin d’aller au travail d’une manière moins polluante, mais si ma ville ne propose pas de pistes cyclables, cela s’avère vain. Je peux agir sur des comportements qui ne relèvent que de moi, mais je ne peux pas influencer directement les productions des centrales nucléaires par exemple.
Il semble donc finalement plus simple de pointer du doigt le consommateur de produits emballés et industriels, que de remettre en question le système mondial de production alimentaire
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Pour faire simple, si nous focalisons l’attention sur le recyclage des poubelles des individus, nous ne remettons pas en cause la production de ces mêmes déchets ! Pour que la normalité change, cela nécessite un changement du fonctionnement de notre société. Cette même idée est soutenue par George Monbiot, journaliste écologiste britannique. Ce dernier explique par exemple que même si nous remplaçons tous nos gobelets en plastiques par des gobelets en carton, cela ne changera pas les choses de façon notable. Il est impossible d’envisager un changement climatique seulement en se sentant responsable des contenants à l’échelle individuelle.
Pour aller plus loin dans cette tendance à la culpabilisation écologiste, venons-en à la question de l’argent. Les consommateurs issus des classes moyennes et défavorisées sont systématiquement montrés du doigts et accusés d’acheter des produits ultra-transformés ou de ne pas trier leurs déchets. Pourtant, les personnes en situation de précarité sont aussi celles qui polluent le moins. C’est d’ailleurs ce que rappelle Julien Vidal, auteur du livre “Ça commence par moi”. Certes ne pas trier ses déchets et consommer des produits très transformés ou hors saison pollue, mais bien moins que de prendre l’avion.
Il est intéressant d’ajouter que si l’ensemble de la population française adoptait un mode de vie entièrement responsable et zéro déchet, l’économie annuelle serait de 583 millions de tonnes de CO². C’est certes considérable, mais en comparaison, le groupe Total émet chaque année 6 milliards de tonnes de CO².
L’écologie n’est pas qu’un choix, c’est aussi une question de classe sociale, d’accès à l’éducation et des moyens intellectuels, culturels et financiers de chacun. Prenons l’exemple de la grande pollution en Chine en 2016, par un smog (sorte de brouillard très nocif et polluant dû aux émissions de rejets des industries). Ce sont 500 millions de citadins chinois qui avaient été atteints. A l’époque, les seuls qui avaient pu se réfugier dans les campagnes étaient les plus fortunés. Pour se déresponsabiliser, les autorités avaient même tenté de classer cet événement comme une catastrophe météorologique.
Ainsi, considérer que ce sont nos choix individuels qui permettent de faire changer les choses est quelque chose de gênant, d’où ma perplexité face à la profusion de messages pro écolo et zéro déchet. Cela reviendrait à considérer par exemple que l’augmentation de la pauvreté en France n’est que de notre fait, ou encore que le fait que 20% des français ait du mal à se procurer une alimentation saine pour assurer trois repas par jour résulte de notre égoïsme. (chiffre IPSOS)
Il est ainsi bien plus simple de faire reposer la faute sur les épaules des individus que remettre en cause le fonctionnement de la société.
Il n’est pas question de remettre en cause les bienfaits d’informer sur la réalité et ses conséquences. Mais à trop montrer du doigt les activités humaines comme étant coupables, nous en oublions de rappeler qui devrait être sur le banc des accusés.
D’ailleurs, la démission de Nicolas Hulot est bien une preuve supplémentaire que les politiques sont actuellement fermées à envisager un réel changement. Si eux ne le font pas, alors tous les changements individuels restent minimes.
Bien sûr, nous avons tous des choses à faire individuellement. Cependant, s’inscrire dans une démarche écologique a un coût financier, mais aussi moral. Certaines personnalités médiatiques influentes clament à qui veut l’entendre que manger “responsable” est simple et accessible.
Cette tendance émane surtout des réseaux sociaux, et est alimentée par des influenceurs “lifestyle” et “engagés”. Ils tentent de convaincre que manger sain et équilibré est facile, mais également que tout le monde devrait le faire. Que prendre sa voiture ou acheter des fraises en février est presque un délit. Sauf que ces mêmes personnes, à qui il arrive de faire preuve de condescendance, oublient plusieurs points essentiels :
-L’éducation : ces personnes ont souvent eu accès à l’éducation, ou ont grandi au sein d’une classe sociale leur ayant permis de s’interroger, se cultiver et voir leurs parents cuisiner d’autres choses que des boîtes de conserves.
-Le lieu de vie : ces mêmes personnes résident souvent en ville ou en zone péri-urbaine, leur permettant d’avoir facilement accès à plusieurs commerces de proximité différents, à des marchés réguliers le matin, à des magasins d’alimentation biologique proposant des aliments en vracs, à des AMAP, etc. Ils n’ont parfois même pas à prendre la voiture.
A titre d’exemple, j’ai grandi dans ce que l’on appelle une zone rurale. Au sens de … vraiment rural. La première boulangerie était à plus de 8 kilomètres. Impossible donc de se demander à 7h le matin s’il y a encore du pain. Dans ce même patelin, les seuls commerces à disposition se comptent sur une main : une pharmacie, un bar, un tabac-presse, et une supérette. Dans ce zones, faire ses courses implique de prendre la voiture pour 15, 20 ou 30 kilomètres.
Le choix est également plus restreint que dans les grandes agglomérations, et c’est une inégalité. L’argent dépensé en essence ne sera évidemment pas voué à payer des tomates locales et bio, bien plus chères que leur équivalent en promotion. Malgré toute leur bonne volonté, des pommes biologiques reviennent jusqu’à 4 fois plus chères que leurs homologues conventionnées.
Et lorsqu’une famille doit faire face aux factures, à l’essence et aux dépenses du quotidien, il n’est clairement pas possible de mettre un tel prix. Il est alors presque préférable de manger des fruits et légumes traités, que pas du tout.
Par delà la question de l’éducation et du lieu de vie, ces personnes ont généralement une profession qui leur permet d’avoir un train de vie aisé.
Or aujourd’hui, en France, le chômage touche près de 10% de la population. Le seuil de pauvreté est fixé à 1086€ par mois pour une personne seule. Ce qui représentait, à titre d’information, près de 10 millions de personnes en 2018. Que ce soit des célibataires, des mères isolées ou encore des retraités. Lorsqu’une femme ou un homme trime onze heure par jour pour espérer gagner tout juste un smic, et que le soir se présentent des tomates en promotion dans le rayon frais, il n’y a pas de temps pour l’hésitation. Quand la seule perspective de ces familles est de parvenir à payer leurs factures, le temps qu’elles pourraient consacrer à aller chercher des légumes locaux 20 kilomètres plus loin n’est pas une seule seconde envisageable.
J’essaie de prendre du recul, de sourire, mais cela me touche. Quand j’étais étudiante, je travaillais comme caissière de supermarché de campagne. Je la voyais, la pauvreté, étalée dans les caddies de courses, remplis de choix parfois illogiques. Et je repense désormais à ces images parfaites, ces personnes qui mettent en scène des recettes saines, biologiques, et de saison et regardent avec déception celui qui daigne se rendre à Lidl ou acheter des produits importés.
Ces personnes influentes pourraient avoir des mots et des partages qui positifs. A la place, certaines accablent les consommateurs qui ne “font pas” tout qu’ils devraient.
Cette dérive est couramment appelée “greenwahsing”. Elle consiste à mettre en avant des efforts en faveur de l’écologie, alors que l'émetteur de cette même campagne ou discours soutient en parallèle des activités irresponsables. Ces mêmes industriels, qui clament leur volonté de changement et les objectifs durables continuent de contribuer à la déforestation, l’extraction du pétrole, l’élevage intensif ou ont recours à des produits polluants.
Prenons l’exemple de l’augmentation des produits biologiques, mêmes par les marques distributeurs. Sous couvert du label “agriculture biologique”, les ingrédients ne sont pourtant pas toujours bon pour la santé, ni pour l’environnement. C’est par exemple le cas du recours à l’huile de palme ou soja dans les biscuits ou gâteaux “bio”.
Dans plusieurs publicités télévisées, le groupe Total s’est vanté de sa participation à la recherche sur les énergies renouvelables. BNP Paribas a même lancé un programme intitulé “climate initiative” et investi 3 millions d’euros, tout en contribuant massivement à l’extraction de charbon.
En hiver 2017, le ministère de l’environnement a rappelé à quel point les citoyens devaient tout faire pour économiser l’énergie de leurs maisons et privilégier les transports en commun plutôt que la voiture. Mais aucune annonce similaire n’a été faite à l’égard des industries dont les productions sont particulièrement énergivores et polluantes.
Pendant ce temps, la loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique n’a toujours pas proposé de véritables solutions vertes aux entreprises et industriels.
Certaines directives européennes antérieures existent, mais la France n’est que rarement renvoyée devant la Cour de Justice européenne pour ne pas les avoir suivies. En 2014, suite au projet de construction de l'aéroport de Notre Dame des Landes, la Commission européenne avait poursuivi la France en justice. Cette même année, le Conseil National de Protection de la Nature avait émis un avis défavorable au projet de construction. La Commission a finalement classé sans suite la procédure d’instruction et donné feu vert à la reprise du chantier. Le projet dépend certes en partie de la mobilisation des militants, mais cet engagement citoyen ne suffit malheureusement pas.
En jouant sur l’affect et le sentiment de proximité, les sujets médiatisés ont effectivement plus de répercussions sur les citoyens. Nous sommes heureusement plus concernés et chaque jour mieux interpellés sur les moyens d’actions individuels. Il est évident que notre attitude change et évolue peu à peu. Cependant, une transformation profonde et réelle est indispensable, et dépend d’abord des actions globales mises en oeuvre au niveau national et mondial.
La culpabilisation écologiste est une des déviances dont nous en entendons trop peu parler. Bien sûr, chaque geste compte, à condition que tous les moyens soient réunis pour permettre un changement concret et durable.